C'est bizarre de se dire que ça t'est arrivé, à toi.

Je crois que tu me manques, je sais que je m'occupe l'esprit avec mille banalités parce que c'est difficile d'y penser, de vraiment y penser. Ne pas savoir où tu es, balayer le ciel du regard en se demandant s'il est vide, ou s'il abrite les âmes qui se cachent d'un monde sans grâce et sans pitié. Et pourtant, être persuadée, au fond, que tu reviendras, que tu te caches derrière ses pas, bruyants, qui foulent les cailloux de ce petit cimetière gris.

Je crois que je suis vide, que je ne peux pas pleurer. Peut-être que je ne sais pas encore ce que tout ça veut dire, ou peut-être parce qu'il y a quelque chose en moi qui s'est brisé. On parle beaucoup de ça, "quelque chose en moi s'est brisé", c'est la plus stupide des métaphores, la plus usée. Mais pourtant, je me sens tellement cassée, je vis de travers, comme s'il me manquait une pièce, tu sais, comme les petits objets que l'on achetait petits, et qui, une fois bousillés, ne pouvaient plus fonctionner comme avant.

 T'avoir vu tant souffrir, t'avoir vu mourir un peu tous les jours, sous mes yeux et mes bras impuissants, coincée dans un corps viable mais inutile, ça m'a rendu dingue et peut-être que ça m'a un peu tué, aussi. Les jours maudits, et les nuits angoissées éteignent les êtres en un souffle et j'existe sans briller. 

Evidemment que je suis un peu morte avec toi. C'est logique, je suis faite de la même chair que toi, je suis la continuité de ce que tu étais, de ce que tu es, comment ça pourrait en être autrement ?

Je te l'ai écrit, ce qui nous lie est indéfectible et survivra aux obstacles de la vie. Je ne comprends rien à ce qui se passe, mais je le sens, je le sais au fond de moi, qu'au moins ça, on ne nous l'a pas enlevé. Et on ne nous l'enlèvera jamais.

Je t'aime tellement que j'en ai mal, je voudrais être en colère contre toi, t'en vouloir, mais ce n'est pas de ta faute. C'est juste la vie qui veut ça.
 

 

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